Ma compagne, notre fille de 3 ans et moi sommes restés ensemble «enfermés à la maison» pendant près de 60 jours entre la mi-mars et la mi-mai 2020. Je ne suis sorti dehors que quelques fois pendant cette période, pour une heure ou deux maximum, pour faire quelques courses ou relever le courrier au bureau. Nous avons volontairement réduit notre horizon parce que nous nous sentions soucieux et concernés par la situation.

Nous ne connaissions évidemment rien au « confinement ».

Notre maison est rapidement devenue le théâtre d’une contradiction, d’un bouillon d’émotions opposées, d’un va-et-vient entre les sentiments de liberté et d’emprisonnement. Est-ce que le temps peu inonder l’espace comme de l’eau qu’on verse dans un seau, jusqu’à ce que cela déborde?

Ce projet photo tente d’exprimer l’étrange violence d’une restriction volontaire et paradoxalement paisible ainsi que l’impression de suffocation qu’entraîne une forme d’hypertrophie du temps. Nous nous sommes sentis tantôt stimulés, tantôt désœuvrés, exaltés par la beauté des choses simples ou affligés par l’humanité et ses pulsions indécentes et nous sommes passés régulièrement de la joie immense d’être ensemble, unis, au désir puissant d’être seul.

J’ai pris ces photos pour me sentir vivant et créatif, comme un exercice d’écriture automatique, mais je crois que ce sont ces images qui m’ont révélées ce que nous expérimentions, nos états d’esprit, sans nous en rendre compte.

Nous nous sommes promenés dans les bois pour la première fois le 25 mai. Je ne sais pas si nous sommes toujours les mêmes qu’avant ou si nous avons changé…


Précédent
Précédent

Verviers, sur un fil

Suivant
Suivant

Peintures numériques